Presque tous les ans, à l’approche de l’été, nous avons droit à une émission traitant des colos. Cette année, elle a eu lieu sur M6 ce jour (le 15 juin) : « centres aérés et colonies : la face cachée des vacances de nos enfants« . L’émission a été encore plus nulle que d’habitude, les journalistes n’ont pas fait leur travail. Ma seule consolation est qu’il y avait en même temps un match de foot (le premier de l’équipe de France pour le mondial). Au moins, il n’y aura pas beaucoup de personnes qui auront vu cette émission.
Après une rapide présentation du style « plus d’un million d’enfants qui partent en colo » (personne ne peut donner ce chiffre, au mieux faudrait-il dire : plus d’un million de places de colo chaque année !), on entre dans le vif du sujet, les journalistes nous font croire qu’on peut créer une colo facilement (cela me rappelle qu’ils ont fait le même coup pour la formation professionnelle). Dommage qu’ils n’aient pas essayé pour de bon, ils n’y seraient peut-être pas arrivés.
Et puis on présente le 1er exemple un séjour pour ados à l’île Maurice pour de jeunes marseillais. Ce séjour sera présenté en plusieurs fois durant l’émission. On a vu les jeunes à la plage, au restaurant, en bateau… Ils ont même du une fois faire à manger. Et bien sûr on a eu droit à l’encouragement à la drague par l’animateur.
Le deuxième thème est celui d’une jeune animatrice que l’on voit passer le Bafa (enfin, la première session à l’Afocal, où elle joue et a quelques cours) puis aller dans un centre de vacances (Viva, dans son beau château) où elle rencontre des difficultés (elle ne connait pas le lieu, ni le projet, elle ne sait même pas où elle va dormir et doit attendre une heure toute seule dans un couloir) mais tout s’est arrangé. Ceci étant, elle n’a pas été soutenue par son directeur (au moins dans le film).
Tout cela ne faisant pas assez de suspens, on a eu droit, à nouveau, au terrible accident de 2009 aux Etats-Unis (voir la page Telligo sur ce site). Il n’était pas obligatoire d’aller là-bas avec la famille de Léa. On a encore eu droit à l’interview du Directeur de Telligo qui explique qu’il n’y est pour rien, que c’est de la faute des animateurs qui ne prenaient pas leurs jours de repos (mais comment prendre un jour de repos dans un séjour itinérant, quand tous les animateurs sont aussi chauffeurs ?).
Pour rajouter du suspens, il fallait aussi parler d’attouchements avec là aussi un exemple ancien. Le Directeur, coupable, a été condamné.
Et puis on nous a présenté une association qui pose des problèmes financiers. La première plainte est pour un séjour aux Seychelles et sert à nous montrer une association qui ne paie pas ses dettes et ne rembourse pas après avoir annulé certains séjours. On peut supposer qu’il y a des plaintes et que l’affaire est en cours.
Enfin, il y a toujours un inspecteur du ministère en charge de la jeunesse qui montre comment se passe une inspection. Mais là, tout va bien (on cite cependant le cas d’un centre fermé l’an dernier, ce qui est, nous le savons, fort rare).
Bien sûr, il n’y a aucune analyse des reportages. Les reporters ne connaissent pas leur sujet, leur enquête est vide de sens. Ils n’ont montré que des sociétés commerciales là ou le secteur est principalement géré par des associations ou des collectivités territoriales. Le projet pédagogique n’a pas été abordé, c’est pourtant l’essence même de la colo. Bref, les journalistes se sont fait payer deux voyages (Etats-Unis et Ile Maurice) sans intérêts pour leur reportage. Ils auraient mieux fait de parler… des colos ! Ou mieux encore de faire une enquête. Il existe suffisamment de spétes pour que l’on puisse traiter sérieusement ce sujet.
En bref, on ne voit là que le côté négatif des colos et pas ce qui est important : la vie en groupe (et pas en couple) ; grandir autrement ; apprendre à partager sa chambre et ses jeux ; découvrir de nouvelles activités…
Quand auront enfin une véritable émission qui traitera honnêtement du sujet (je me souviens d’un « ça se discute » sur le scoutisme qui était particulièrement bien fait). On pourrait présenter un séjour itinérant qui fonctionne bien, un séjour plus « classique » pour des enfants, des animateurs qui savent de quoi ils parlent…
Dernier point : où sont les « centres aérés » (tels que cités dans le titre), ils ont du les oublier.