Il est difficile, en cette mi-mai, de savoir comment vont fonctionner les colonies de vacances de cet été, les consignes ne sont pas encore parues. Cependant, on constate une tendance qui va vers un fonctionnement à peu près normal des colos, les voyants vont vers le vert, sauf bien sûr en cas de nouvelles contaminations, mais là, et comme tout le monde, nous ne pouvons pas le savoir.
A partir du moment où les écoles primaires et les collèges ont rouvert (au moins en partie), qu’il y a des cantines qui fonctionnent et que des structures d’hébergement (les hôtels) accueillent du public, je ne vois pas ce qui empêcherait les enfants de partir en colo, d’autant plus que l’on voit les structures de tourisme se préparer à ouvrir, la limite des 100 km de distance pour un voyage ne devrait pas durer.
Et puis surtout il faut des vacances ! Les enfants ont été (et sont toujours) sous pression, avec la menace d’être contaminés, de prendre des risques en sortant, en jouant… Ils vivent avec l’angoisse communiquée par les parents, la société… Alors, ils ont le droit de débrancher. Tout en respectant des gestes barrières, il faut établir un climat favorable à la décontraction, à la détente, au repos. C’est surement là où les colos seront le plus utiles pour leur public, surtout lorsqu’elles accueillent des enfants n’ayant pas de départ en vacances en famille.
Ce qui frappe, c’est l’ambiguïté du discours du ministère, notamment de M. Attal, dans la presse. En dehors des vacances studieuses, il est mis en avant les mini-camps issu de structures de loisirs et le scoutisme, sans préciser en quoi ce dernier serait pertinent. Est-ce pour la vie dans la nature (pas besoin alors de désinfecter) ou la vie sous tente (mais le ministère prévoirait des aides pour disposer de tentes plus grandes) ou les petits groupes constitués au départ que le scoutisme est cité ? Il faut attendre pour le savoir. Ceci étant, s’il y a des groupes constitués au départ dans le scoutisme, c’est parce que cela fonctionne toute l’année. Si l’on peut facilement maintenir des distances dans les bois, il n’est pas possible de se laver souvent les mains sans un point d’eau !
Alors, quelle serait la colo idéale pour cet été 2020, selon notre équipe ? la voici en 5 points :
1- Au niveau de l’éloignement, il n’y a pas plus de raison de rester à moins de 100 Km qu’à aller plus loin, cela sera surement autorisé rapidement. Tout dépend de où l’on habite et de ce que l’on veut faire pendant ses vacances. Par contre,il serait préférable que les enfants viennent du même endroit ou de moins de lieux différents possibles afin de limiter le brassage géographique. On peut encourager les colonies de vacances municipales ou d’associations locales, mais elles ne sont plus assez nombreuses pour accueillir tous les enfants. A défaut, il faut mieux choisir la proximité et éviter les zones trop touristiques (certaines villes côtières par exemple). Un autre point important est l’effectif, il vaut mieux que la colo ne reçoive pas trop d’enfants (peut-être une cinquantaine ?). Attention aux fausses petites colos qui vont dans des locaux accueillant de nombreux groupes.
2 – La colo, une fois installée, se retrouve quasiment confinée. La plupart de temps, l’ensemble (ou presque) du personnel reste sur place. Les locaux (comme la literie, les chambres) ont été désinfectés avant l’arrivée des enfants… Dans ce cas, les enfants ne sont pas pressés. Pourquoi ne pas prendre du temps ? Le plus difficile étant de faire voyager et installer le groupe en toute sécurité, au bout d’une semaine de surveillance, il y a peu de chance de voir un virus se développer. La colo peut alors durer au moins deux semaines. Cela laisse aux enfants le temps d’arriver, de se poser, de connaître les lieux, de créer des habitudes, de se reposer….
3 – Avec les risques de contagion, il nous semble qu’il vaut mieux préférer des colos avec des bâtiment en dur au moins pour ce qui est de la cuisine (il faut disposer de locaux adaptés et d’un lave-vaisselle) et des sanitaires (toilettes, douches). On peut même envisager des créer des blocs supplémentaires pour le lavage des mains. Pour l’hébergement, l’idéal serait des chambres avec pas trop de lits ou alors de grandes tentes (marabout) dans lesquelles on peut aussi mettre des lits. Si nous avons bien compris, il vaudrait mieux éviter les tentes où les enfants sont serrés. Il faut aussi penser à l’aération des chambres.
4 – Comme toujours, il faut penser à des activités variées et de préférence en extérieur. Voilà une bonne raison pour rechercher des anciennes activités, qu’elles soient manuelles, ludiques, ou théâtrales (pourquoi ne pas jouer un spectacle avec des masques ?). On peut refaire des jeux de piste et des courses au trésor à la place des tournois de foot ! On peut éviter la pâte à sel et la remplacer par de la vannerie ou des moulage en plâtre. Tiens, on pourrait même remplacer le tir à l’arc par des lancers de comètes (fabriquées par les enfants bien sûr). D’ailleurs, il existe déjà des fichiers de jeux « autorisés ».
5 – Il est indispensable de laisser les animateurs « inventer » de nouveaux fonctionnements. On peut respecter des gestes barrières et faire des grands jeux, des spectacles, des activités manuelles, mais il va falloir se casser la tête au préalable. On peut faire un jeu des gestes barrières (ou les intégrer dans une pratique ludique), comme on peut imaginer des sacs individuels avec du matériel spécifique comme dans un sac « jeux » avec un pion (fabriqué sur place), des dès… ; un sac « activités manuelles » avec un récipient (mesure), des pinceaux, crayons gomme… ; un sac « plein air » avec, en plus de la casquette et de la gourde, une boussole, un crayon, un carnet, un miroir, une ficelle…
Il faut arrêter de penser faire classe en colo. Il y a déjà des séjours de révision, d’apprentissage des langues… mais ces séjours, souvent chers, s’adressent alors à des enfants ayant d’autres vacances. Sur deux mois de vacances en été, on peut surement en consacrer un à des révisions (et dans ce cas, il n’est pas nécessaire de partir) … à condition de prendre un temps à part pour des vacances (et pas simplement des loisirs).
Quelque soit le nom que le gouvernement donnera aux cours pendants les vacances (on a déjà eu éducative, apprenantes et maintenant studieuses), ce ne sera pas des vacances. Alors laissons les spécialistes enseigner, quitte à ce qu’ils utilisent en partie des temps de vacances, et laissons les spécialistes des vacances gérer ce qu’ils savent faire sans essayer d’imposer des temps mal adaptés (qui ont pour but principal de faire organiser des colos, et de les financer en partie, par des non spécialistes du secteur).
Enfin, il y a des colos qui ont déjà annoncé qu’elle n’allait pas fonctionner cet été. Les motifs sont divers (difficulté pour les gestes barrières, pas d’assurance de fonctionnement, des inscriptions en retard, des difficultés de recrutement…). Il est peut-être possible de mettre en place un fonctionnement particulier. Les mini-camps organisés habituellement par les accueils de loisirs et qui semblent encouragés cette année, se font souvent sous tente, dans des campings. La formule sera surement difficile à mettre en place (manque de place dans les campings, difficulté de respecter les gestes barrières…) cet été, alors que ces mini-camps pourraient être un moyen de remplir la structure. Il en va de même pour de nombreux séjours habituellement sous tente.