2020 06 : Les colo de l’été, c’est parti pour les inscriptions

Le protocole spécifique pour les séjours de vacances pour les enfants et les jeunes est paru cette semaine. Les organisateurs vont pouvoir adapter leurs séjours afin de respecter le confinement. Le document comprend l’hébergement, les transports, les repas, la désinfection, l’organisation des activités…

Ce qui revient à dire que les colonies de vacances ont des normes à respecter, et que ces normes ont été validées au plus haut niveau. Les service déconcentrés de l’Etat auront pour mission de vérifier l’application du protocole. Les enfants seront donc en sécurité en colo cette été, les parents peuvent être rassurés.

Il faut considérer comme une bonne nouvelle les allègements du protocole. En fait, les premiers écrits étaient inquiétants, principalement concernant le nombre de places dans les chambres et dans les véhicules de transport. Cela rendait de nombreuses colonies irréalisables. D’ailleurs, plusieurs organisateurs ont décidé de ne pas faire de colo cet été, ce qui est catastrophe pour le secteur (il vaut mieux s’inscrire vite, il n’y aura peut-être pas assez de places pour tout le monde).

Il reste que cela semble encore flou pour les séjours hébergés dans de petites tentes, qui devraient respecter les règles du confinement (un mètre de distance entre chaque enfant, cela va en faire, des tentes à monter !).

Le dernier souci, mais pas des moindres, concerne la pédagogie. Au nom de la sécurité, le protocole conseille que les enfants restent dans le même groupe, avec le même animateur pour les activités, le repas, les chambres… Ce qui nous ramène à avant les années 70 (et même avant l’ère psychopédagogique qui débute dès les années 1950). Il est quand même possible (mais déconseillé) de modifier les groupes pour certaines activités.

Précisons aussi que ce protocole peut évoluer. Espérons que les risques diminuent, que le virus disparaisse et l’Etat assouplisse le protocole.

Il faut dire deux mots des colonies apprenantes (nouveau nom des colonies éducatives, puis studieuses). Le ministère a décidé un important dispositif cet été afin de rapprocher les jeunes de l’école. Ce qui nous semble curieux, après avoir tout fait pour inciter les jeunes à ne pas y aller, comme en supprimant toute forme d’examens ou en ne tenant pas compte du travail fourni, même à distance par les jeunes pendant le confinement et le déconfinement.

Alors que la plupart des enfants (et peut-être tous) a besoin de vacances (avec le stress vécu), le Ministère prévoit d’en faire travailler quelques uns (les décrocheurs) durant les vacances scolaires que ce soit en loisirs ou en vacances. Le dispositif est devenu ultra libéral. Si certaines associations se sont mobilisées (pour l’instant surtout des associations nationales), le dispositif est ouvert aux structures privées que ce soit comme organisateur (centre de profit) ou hébergeur (hôtel). Tout le monde peut devenir organisateur de colonie apprenante (et au vu des courts délais d’ici début juillet, cela sera uniquement déclaratif, sans que les fonctionnaires du ministère aient le temps de faire des vérifications sur les organisateurs). Il faut alors conseiller, aux parents qui souhaitent inscrire leur enfant en colonie apprenante, d’être prudents.

Le public était au début les décrocheurs, vite devenus des jeunes de quartiers politiques de la ville, voire les jeunes ne partant pas cette année dans leur pays d’origine à cause de la fermeture des frontières. Mais le public s’est élargi aux enfants des soignants, puis des personnes indispensables, aux enfants de familles monoparentales, aux familles à faibles revenus… et même à l’aide sociale (qui bénéficie pourtant d’autres sources de financement). Précisons que ces colo doivent être gratuites ou presque, car prises en charge par l’Etat au tarif maximum de 500 € les 5 jours (et donc 4 nuits), ce qui est élevé. Une association a d’ailleurs déjà annoncé (en fait, elle l’a fait avant la diffusion publique du cahier des charges des colonies apprenantes !) qu’elle allait accueillir 40 000 enfants cet été dans le cadre des colos apprenantes. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de ces chiffres, cela représenterai 20 millions d’euros.

Puisqu’il s’agit de compenser (un peu) ce qui n’a pas pu être fait par l’école cette année, les colonies apprenantes sont le moyen pour commencer à confier la scolarisation des jeunes a des structures complètement privées, avec le soutien d’associations nationales (intégrées dans le dispositif) qui pourtant s’opposent souvent aux écoles privées ! Il faudra être attentif aux évaluations de ce dispositif qui risque fort de marquer une rupture dans l’histoire des colonies de vacances par la reconnaissance et le financement d’Etat de structures commerciales. L’agrément « Jeunesse éducation populaire » nécessaire pour être subventionné est remplacée par le paiement de prestations. L’Etat va payer des colos « apprenantes » comme il paierait des travaux ou des fournitures quelconques. Belle conception de l’éducation !

Enfin soulignons que M. Attal a préciser maintenir le Service National Universel cette année. Il souhaite cependant inverser l’organisation pour des raisons pratiques. Les 10 000 jeunes de 15-16 ans prévus vont commencer par le terrain durant deux semaines cet été (donc sans préparation) puis ils auront le séjour de « cohésion » à l’automne. Si le séjour de cohésion se fait après le « stage », c’est qu’il est en grande partie inutile (il doit notamment servir à découvrir les différents secteurs où les jeunes peuvent s’engager) !

Précisons que les jeunes français ont montré pendant le confinement qu’ils étaient capables de respecter des mesures. Nombreux sont ceux qui se sont engagés, là où ils ont été sollicités, là où ils ont vu des besoins… tout cela sans qu’ils soient passés par le S.N.U. ce qui montre que les jeunes n’ont pas besoin du S.N.U. pour s’engager.